En ville de Nantes en France
  Bủu Minh Ðàn..Webmaster Trương Ngọc An

La notion du Than est moins complexe à cerner que celle du Tinh et du Khi. Le concept du Than issu de Dieu est cependant un peu plus accessible aux occidentaux puisque, contrairement à celui du Tinh et du Khi, il est plus proche de celui de l’Esprit, présent dans la plupart des religions et des sciences ésotériques, y compris celles de l’Occident. Toutefois, le Caodaïsme a un regard et une représentation générale distincte et originale sur le Than, car le Than émane de Dieu et Dieu nous en explique l’origine, le mandat céleste avant et après la conception, le fonctionnement une fois incarné dans le corps physique…
La difficulté de compréhension du Than vient du fait que Dieu lui donne des noms différents selon sa localisation, et en explique des fonctions reliées seulement à la dimension divine. Dans le Ciel Antérieur, Dieu le désigne sous le nom de Chon Linh, Étincelle de Lumière Sacrée que Dieu attribue à l’être né, au moment de la conception. Après s’être incarné, individualisé dans un corps physique, il est nommé Nguon Than (Than originel) ou Linh Hon (Âme sacrée) et Thuc Than, s’il se loge dans le Cœur. Après la mort du corps physique, Than porte le nom de Chon Hon ou Linh Hon (Âme sacrée). Donc, toutes les appellations précédentes du Than sont synonymes, et l’étude du Than dans le Ciel Antérieur doit se baser exclusivement sur la parole divine.
Après la naissance, comment fonctionne Than dans le Ciel Postérieur ? Dieu l’aborde indirectement à travers les recommandations et les interdictions en vue d’éviter de nuire au fonctionnement du Than. Alors, pour la compréhension du Than durant notre existence terrestre et dans notre corps physique, nous devons nous baser, d’une part sur les livres de la médecine orientale, et d’autre part sur nos propres expériences cliniques en médecine orientale.
1. Origine du Than (Chon Linh ou Nguon Than) [1]
a) Explication divine
Dieu explique :À chaque corps physique, au moment de la conception dans le Ciel Postérieur, j’attribue un Than (Chon Linh) qui est le gardien de votre destin et de votre vie; dans l’univers, la vie de tout être provient de mon Chon Linh (T.N.H.T. page 173).Telle est l’origine divine et mystérieuse du Than. Elle est transcendante (de Dieu à l’homme)
et explique le passage de l’indistinct au distinct, de l’informel à la forme,
du Ciel Antérieur au Ciel Postérieur.
Than est une Étincelle de Lumière Sacrée (Tieu Linh Quang) semblable à un influx subtil lumineux reçu de la Grande Lumière Sacrée (Dai Linh Quang) de Dieu, ce qui illustre bien la pensée fondamentale du Caodaïsme : Dieu et Mille Êtres sur la terre ne font qu’un, comme Dieu dit dans un poème : Comme moi, vous êtes Divine Lumière.
b) Analyse de l’idéogramme Than :
L’idéogramme Than comporte deux parties : le radical shi et élément phonétique
associé : Than.
Wilder et Ingram décompose le radical shi en « Ciel » au-dessus ( sheng), et soleil, étoiles, lune, les trois lumières au-dessous. Ils l’interprète comme : « Les signes du ciel qui révèlent aux hommes les choses transcendantes ». Cette interprétation rejoint celle de George Soulié de Morant: « Ce qui tombe du Ciel et traverse le corps; Than est comme un élément immatériel de l’énergie astrale, la force cosmique, les ondes animant la forme et lui donnant la raison ». Les diverses interprétations de cet idéogramme traduisent presque exactement le concept caodaïste du Than.
Si nous reprenons le détail de cette composition, nous distinguons en haut deux traits horizontaux qui représentent un rythme, une alternance sur le mode du Am/Duong, c'est-à-dire la loi rythmique Am/Duong dans le Ciel Antérieur où réside Dieu. En bas, les trois traits semi verticaux suggèrent les trois Luminaires émanés du Ciel Antérieur : Tinh, Khi, Than. Ces trois « originels » immatériels, imperceptibles symbolisent le plan créateur de Dieu qui n’est qu’indirectement perceptible au niveau terrestre, matériel par l’intermédiaire de la lumière visible, des étoiles et planètes…L’ensemble du radical shi signifie donc : Les émanations divines venues d’en haut, du Ciel Antérieur invisible et l’ensemble du caractère Than exprime l’idée que Than est relié à la dimension divine du Ciel Antérieur, ce qui correspond parfaitement à l’explication de Dieu dans la religion caodaïste.
2. La nature du Than
Le Chaos Primordial du Ciel Antérieur est la matrice obscure et indifférenciée, chaotique mais ordonnée et rempli du souffle cosmique Hao Nhien. Il regroupe l’ensemble des potentiels de création de l’univers matériel et visible. Dieu est né du Chaos Primordial et Than, puisque celui-ci est relié à la dimension divine, en provient également. Cette origine première et insondable issue de Dieu donne à Than une nature d’éther, limpide du Ciel Antérieur avec les caractéristiques suivantes :
- Than traduit l’immortalité dans le corps humain, parce qu’il est relié à la dimension divine qui demeure hors du temps et de l’espace. Ainsi, après la mort du corps physique,
 Than retourne à son origine divine ou se plonge dans la réincarnation;
- Than représente l’impulsion créatrice de Dieu et son pouvoir de réalisation concrète;
- Than est le plus universel, le plus impersonnel et se tient en dehors des lois Am/Duong et Ngu Hanh (Cinq Éléments), lois d’impermanence et de transformation qui dirigent la manifestation du Ciel Postérieur;
- Than se perpétue naturellement et assure la perpétuation de Mille Êtres sur la terre;
Than « est », tout simplement.
3. La descente du Than sur la terre
Après la détermination de Dieu, Than, semblable à un influx lumineux émané de la Grande Lumière Divine (Dai Linh Quang), effectue sa descente sur la terre pour s’incarner dans un corps physique d’un fœtus fécondé. Durant son passage du Ciel Antérieur au Ciel Postérieur, Than doit traverser sept étages célestes dont la composition appelée The (corps) de chacun l’enveloppe pour le lester davantage dans sa descente. Arrivé sur terre, Than est enrobé de sept compositions célestes ou sept périspirits provenant de sept étages célestes
 (D.T.C.G. page 47).
4. Le mandat céleste du Than avant la conception

Than est un destin particulier que Dieu donne à chaque individu avec une qualité qui lui est propre. C’est un mandat céleste qui assure , organise notre vie, et demeure une création divine permanente, tout le long de l’existence, se perpétue d’instant en instant,
de la conception jusqu’à la mort du corps physique.
Le plan de son mandat céleste est de se manifester et de faire appliquer le projet spirituel de l’être. Than commence son mandat par favoriser la rencontre dynamique des Tinh des deux futurs parents pour faire perpétuer l’espèce humaine. Au moment où le Tinh du père ( dont le support est le sperme) et celui de la mère (dont le support est l’ovule) s’unissent, Dieu attribue à l’être né, une Étincelle de sa Grande Lumière Sacrée. Cette Étincelle appelée Than ou Chon Linh se fixe sur l’union de ces deux Tinh. Cette union donne une forme et une assise, une trame de vie . Puis cette base concrète se met en mouvement grâce à Chon Than ou Duong originel émanant de Dieu. Chon Than est le moteur du Than et du Tinh, responsable du potentiel de vitalité, du dynamisme, des mouvements, des rythmes, etc.. À noter que si Than quitte le fœtus, ce sera avortement spontané.
Than représente, pour chaque individu, le pouvoir créateur divin, insondable et non localisable, le pont entre le Ciel Antérieur invisible, imperceptible où demeure Dieu et le Ciel Postérieur matériel, visible où vivent Mille Êtres sur la terre. Ce pouvoir créateur régit non seulement la personne sous tous les aspects, mais aussi l’ensemble des qualités relationnelles que l’individu contracte de fait avec le monde qui l’entoure.
Than représente un pouvoir de relation, d’une part avec Dieu, d’autre part avec l’environnement dans lequel vit l’individu. Chacun de nous doit savoir comment saisir le lien concret du Than avec Dieu, bien que ce lien soit invisible, mais il préside au rapprochement de l’individu avec Dieu, durant toute notre existence et surtout après la mort. Ce rapprochement prend une existence effective au moment où Dieu attribue Than
(Chon Linh) à l’œuf fécondé.
5. La fonction du Than après la conception
Une fois intégré dans le corps physique, Chon Linh se nomme Than qu’on traduit tant bien que mal par Esprit, mais cet Esprit là, loin d’être opposé au corps, en est la puissance génératrice. Depuis la conception jusqu’à la mort, Than représente la Force Créatrice de Dieu, qui fait croître, qui élabore et parachève, qui transforme un être donné et sa conscience du monde. Bref, Than, dans le corps humain, est l’étincelle créatrice de Dieu,
donc de nature divine dans la vision du Caodaïsme,
mais aussi dans la tradition et les religions au Viet-Nam, en Chine, au Japon….
Dans tout l’univers, Dieu est le chef d’orchestre, l’organisateur central qui dirige la naissance, la croissance, l’élaboration et la transformation de Mille Êtres. Dans le corps humain, Than considéré comme délégué de Dieu assume le rôle de chef d’orchestre qui dure quant à lui, toute la vie terrestre de l’être humain, et sous-tend tous les rythmes et toutes les distributions du Khi, du Tinh, des liquides organiques.
Qu’est ce que Dieu nous donne par l’intermédiaire du Than ? Than représente la vie que Dieu donne à chacun de nous au moment de la conception. Dès lors, avec son pouvoir créateur et organisateur, Than a pour charge le projet de vie, et pour mission, à l’aide du Khi et du Tinh, de créer et de recréer en permanence l’être, de développer et de maintenir la vie. C’est du Than d’origine divine qu’émane ce pouvoir créateur et organisateur individuel. C’est Than qui a pour mission de faire accomplir à la personne son mandat céleste fixé par Dieu.
De la conception de l’être jusqu’à la mort, les structures mentale, énergétique, physique et les formes sont sous la commande du Than qui, avec l’aide du Tinh et du Khi, assure la configuration et l’organisation de notre corps. En vue d’aider Than à mener à bien cette mission, Dieu nous donne Chon Than pour mobiliser le corps physique et Chon Linh pour diriger le corps Chon Than. En effet, Tinh n’est que la trame de vie, le potentiel vital, sans mouvement, sans dynamisme; Chon Than ou Duong originel est le moteur du Tinh, met le dernier en marche; Chon Linh ou Than régit l’activité du Khi et le mobilise pour aider le Tinh à aménager, agencer les formes, les structures dans notre corps physique. Tel est le rôle de chef d’orchestre, de l’organisateur central du Than. La qualité et l’efficacité de ce rôle dépendent de plusieurs paramètres existant avant et après la conception.
a) Avant la conception
-Than est un don de Dieu à tous les êtres, mais le don est différent d’un homme à l’autre, parce que Dieu nous l’attribue en fonction de nos mérites et de nos vertus dans la pratique religieuse ou dans la vie courante;
-De la qualité des Tinh parentaux, et à travers eux, de leurs lignées et de leur vertu dans la vie antérieure, dépend la qualité de la manifestation du Than. Par exemple, la conception avec les Tinh des parents ivrognes ou drogués, pourrait affecter la qualité du Than de l’enfant.
b) Après la naissance de l’être
- C’est la qualité du Tinh qui préoccupe le Than. À cause de sa quantité invariable, le Tinh originel du Ciel Antérieur issu de la Déesse Kim Mau, est nourri, entretenu après la conception par le Tinh acquis provenant des substrats environnementaux (aliments terrestre et cosmique), d’où l’homme a toujours besoin de manger et de respirer. Par cette raison, le Caodaïsme recommande le régime végétarien et la respiration méditative destinés à améliorer et à purifier le Tinh. Pourquoi ? Parce que le Tinh est la base et le chemin sur lesquels Than se déplace pour s’exprimer durant notre existence terrestre, et pour retourner à son origine divine après la mort du corps physique.
- C’est l’abondance du Tinh dont le Than a besoin. Un Tinh abondant provenant des aliments et de l’air induit un ancrage efficace du Than, en lui permettant de se manifester de manière éclatante et sereine. En outre, la manifestation et la mobilité du Than dépendent de son moteur Khi. Par le phénomène Hoa (métamorphose), Tinh se transforme en Khi, c'est-à-dire que Tinh et Khi sont en production réciproque. Donc, l’abondance du Tinh acquis entraîne une production profuse du Khi, ce qui rendra Than plus vif et plus mobile dans son rôle de chef d’orchestre et d’organisateur central.
En somme, l’ancrage du Than dans le corps, sa manifestation et sa vitalité dépendent de la qualité et de la quantité du Khi et du Tinh en particulier du Tinh acquis. Par exemple, la boisson alcoolisée apporte trop de Duong Khi (chaleur) qui, en tant que moteur du Than, pourrait pousser le dernier à se manifester incorrectement avec des symptômes d’excès de chaleur tels que l’irritabilité, la nervosité, le délire verbal…. En terme de quantité, par manque de Tinh acquis dû à la faim, à une hémorragie grave ou à la respiration de l’air pollué, etc. le signe de l’instabilité ou de la disparition du Than pourrait se traduire par l’anxiété, l’affolement, la perte de connaissance, le coma.
6. Le voyage du Than après la mort du corps physique
Il nous est utile de rappeler deux notions fondamentales concernant la vie et la mort :
- Est mortel et condamné à la disparition, tout ce qui appartient au Ciel Postérieur matériel, visible et se soumet aux lois Am/Duong, lois de transformation et d’impermanence.
- Est immortel et immuable, tout ce qui provient du Ciel Antérieur invisible,
 immatériel, c'est-à-dire de Dieu.
À partir de ces notions, nous comprendrons facilement qu’après la mort :
- Le corps physique disparaît, puisqu’il appartient au Ciel Postérieur matériel;
- Than ou Chon Linh issu de Dieu, c'est-à-dire du Ciel Antérieur immatériel, est immortel. Son immortalité et son origine divine lui permet d’effectuer un voyage dans différentes directions que nous exposerons ci-dessous.
Après la mort, Than quitte le corps physique et s’appelle Chon Hon ou âme sacrée (Linh Hon). Celle-ci doit se rendre au Palais Dieu Tri, y attendre le jugement pour être mutée au chemin à suivre. La désignation de ce chemin se fait en fonction de la vertu et de la pureté de l’âme du mort. D’une façon générale, le voyage de l’âme sacrée s’effectue dans quatre directions principales suivantes :
- Sont admises au chemin de retour au Ciel Antérieur, les âmes sacrées limpides, légères et pures des Immortels, des Saints, des Bouddhas;
- Un chemin menant à la région de Duong Khi ou de monde supérieur, est réservé aux âmes qui se sont pliées à la Bonté et à la Vertu, pendant leur vie terrestre. Après un certain séjour dans la béatitude céleste, elles se réincarnent au monde terrestre pour s’instruire et accomplir les œuvres de Bonté et de Bienfaisance afin d’évoluer;
- Les âmes qui doivent se réincarner, suivront le chemin vers le deuxième étage de l’univers (Trung Gioi) pour attendre le jugement qui leur permettra de compléter des cycles de réincarnation pour racheter des fautes commises pendant leur vie antérieure;
Quand à ceux qui ont péché ou ont commis des fautes graves envers Dieu et envers les êtres humains, leur âme descendra aux mondes inférieurs (Diem Phu), sur des globes terrestres plus impurs, plus obscurs , en absence totale de Lumière Divine (D.T.C.G. pages 19 et 177). 
[1] On traduit couramment Than par Esprit, mais cette traduction pourrait être à l’origine des malentendus liés au dualisme corps-esprit, si profond dans les langues occidentales.

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