LA PAIX SUPRÊME

Nguyen Ngoc Chau

(Paris, Juin 2007)

Paul Naudon, dans son œuvre "La Tradition et la Connaissance Primordiale dans la Spiritualité de l'Occident" écrivait: "Une triple question a toujours préoccupé les hommes de tous les temps, " d’où venons nous, que sommes nous, où allons nous ? ".

La "Paix Suprême"" ne serait elle pas une réponse à cette triple question? Ne se perçoit elle pas comme le But ultime de toute démarche spirituelle, le Nirvana des Bouddhistes, le Paradis  des Chrétiens, la "Connaissance" recherchée de la Spiritualité de l'Occident en tant qu'Origine et Aboutissement suprême de la Création?

 La Paix va ici avec "Suprême" au lieu de "Grande" car "Suprême", le summum impossible à dépasser place cette Paix comme l'aboutissement final d'une démarche qu'on peut penser longue et difficile, certainement la démarche spirituelle de chacun de nous.

La tradition extrême orientale qui procure une voie progressive vers cette Paix Ultime et que nous allons étudier ici ne se différencie de la tradition occidentale étudiée par Paul Naudon dans son livre que par la façon d'y parvenir. Le retour vers l'origine de la Création n'est il pas aussi le retour vers le Créateur, vers le Dieu des Chrétiens, vers Allah des Musulmans, vers plus loin que l'En Soft et l'En Soft  Aur, au delà des dix Séphiroths de l'arbre kabbalistique des Juifs?

 La Création

Dans le Tao Te King, "le Livre de la Voie et de la Rectitude", le seul recueil de son enseignement qu'il avait laissé pour la postérité, Lao Tseu parlait comme suit de la Création :

 "Le Tao donna naissance à Un

Un donna naissance à Deux

Deux donna naissance à Trois

Trois donna naissance aux dix mille êtres

Tout être porte sur son dos l'obscurité et serre dans ses bras la lumière

Le souffle indifférencié constitue son harmonie".

Le "Tao " évoqué par Lao Tseu  est traduit littéralement par " Voie". Mais c'est le Principe Suprême qui est à la fois l’Origine et la Fin de tous les êtres. Il a la forme de ce qui n'a pas de forme, et l'image de ce qui n'a pas d'image. Il ne crée pas le monde comme quelque chose de distinct de lui, car il n'est jamais séparé de la nature et des êtres, il "est" la nature et les êtres. Il ne crée pas, il engendre. Et aucun nom approprié ne peut lui être associé.  

"Le Tao que l'on peut nommer n’est pas le Tao éternel, disait Lao Tseu.

Le nom que l'on peut nommer n'est pas le nom éternel.

Sans nom, il représente l’Univers

Avec un nom, il constitue la Mère de tous les êtres".

Le « Un » représente le  Souffle Primordial, l’Unité/Totalité Première, l'Energie Vitale Universelle et Originelle, passé et présent, sans opposé, infini et éternel, né du Tao le Principe Suprême.

Le « Deux » qui correspond au Yin et au Yang produisit les trois souffles–énergies: le pur, l’impur et le mélangé, qui à leur tour, constituèrent respectivement le Ciel, la Terre, et l’Homme, le "Trois" ou la Grande Triade Chinoise, qui générèrent  tous les êtres.

LA PAIX SUPREME

NGUYỄN NGỌC CHÂU-Paris-2007

 La Paix suprême ( 2e`- page )

Les Eléments Naturels

On ne peut parler de la Création sans évoquer les Eléments Naturels qui s'en dégagent. Dans la Tradition Chinoise, il y en a cinq qui sont régis par deux lois: la Loi de Génération et la Loi de Domination.

Selon la Loi de Génération, l'Eau génère le Bois, le Bois génère le Feu, le Feu génère la Terre, la Terre génère le Métal, et  le Métal génère l'Eau.

D'après la Loi de Domination, l'Eau domine le Feu, le Feu domine le Métal, le Métal domine le Bois, le Bois domine la Terre, et la Terre domine l'Eau.

   Il est à noter que dans la tradition occidentale, les Eléments Naturels sont au nombre de quatre:

la Terre, l'Eau, l'Air et le Feu.

Le Tai Ki

 Maintenant observons le dessin ci après qui figure ce que les Chinois appellent le Tai Ki, (Thai Cuc en Vietnamien ou Faîte Suprême en Français), considéré comme le symbole de l'ésotérisme Chinois. Il existerait pour certains depuis cinq mille ans, pour d'autres beaucoup plus .

L'analyse très intéressante du Tai Ki qui est présentée ci après provient en partie de  "la Symbolique Chinoise"

de Jean Marolleau.

 C'est un cercle divisé en deux par une ligne courbe symétrique avec un petit cercle blanc dans la partition noire et un petit cercle noir dans la partition blanche.

Le noir représente le " Yin ", principe féminin, passif, existentiel, obscur, qui est associé à la terre, à la lune. Le blanc désigne le "Yang ", principe masculin, actif, créateur, lumineux qui est lui, associé au ciel,  au soleil.

 Dans la pensée chinoise, les deux principes Yin et Yang qui constituent  le "Deux" évoqué par Lao Tseu sont présents dans toutes choses dès la Création, et ils s’équilibrent continuellement de façon dynamique.

 De nombreuses pièces de monnaie anciennes de Chine sont rondes avec au milieu un trou carré, et beaucoup d’histoires mythiques ou légendaires de ce pays tournent autour de ces deux figures géométriques qui représentent l’une la Terre, le monde matériel, le Yin, et l’autre le Ciel, le monde spirituel, le Yang. 

Vous pouvez voir que toutes les lignes du Tai Ki sont circulaires, et sont donc célestes. Car le cercle qui se dessine avec le compas symbolise le Ciel, l'Univers accessible, le Monde Spirituel, et le carré qui se dessine avec l'équerre symbolise la Terre, le Monde Matériel.

Le cercle extérieur symbolise le caractère clos de l'Univers accessible et intelligible à l'homme, qui est centré.   Mais ce centre lui même n'échappe pas à la bipartition équilibrée  comme le montrent les deux centres des deux cercles intérieurs. Céleste, la ligne séparatrice formée d’une courbe en deux demi cercles symbolise l'impossibilité de concevoir une bipartition absolue, ce qui sous entend que nos moyens d'investigation et de classement ont leur propres limites.

 Le Tai Ki présente une Symétrie géométrique parfaite, symbole de l'équilibre géométrique du Cosmos et de l'équilibre parfait entre Yin and Yang. Globalement donc, le Cosmos est d'apparence symétrique et d'essence asymétrique et le Tai Ki symbolise  la Synthèse et  l'essence de la Différence.

 Tout est Yin et Yang

 Le petit cercle noir dans la partition blanche et le petit cercle blanc dans la partition noire figurent l'Ambivalence foncière du Yin et du Yang. Dans Yang il y a Yin et vice versa dans Yin il y a Yang.  Il n'existe pas de Yang absolu ni de Yin absolu, et cela est figuré très justement par la "Roue de Lao Tseu" qui est "le ruban de Moebius". Prenez un ruban par les deux bouts, et collez ceux-ci en les retournant, c'est le ruban de Moebius. A tout niveau du ruban, on constate la présence des deux faces, comme Yin et Yang sont présents dans chaque aspect de la vie et de ce qui est créé.

Tout ce qui existe peut être décrit en terme de Yin et Yang car ceux-ci se trouvent en toute chose en trois types de relation: (1)  en relation d'Opposition tout en sachant que l'un porte en lui le germe de l'autre, (2) en relation d'Interdépendance, car l'un ne se conçoit pas sans l'autre, l'excès ou la déficience de l'un entraînant des conséquences sur l'autre ainsi qu'un déséquilibre de l'ensemble, et (3) en relation d'Engendrement et de Mutation de l'un en l'autre. 

Ainsi, les médecins chinois traditionnels s'occupent à conserver et à rétablir l'équilibre entre le Yin et le Yang dans le corps de leurs patients, car la maladie est la conséquence d'un déséquilibre non soigné quelque part qui peut ne pas être à l'endroit même où l'on a mal.

Tout Change, tout Mute

 Il faut encore ajouter que le Changement est la loi unique qui régit Tout. En effet, le Tai Ki n’est pas immobile. En augmentant le rayon des petits cercles, on voit une transformation: le cercle blanc va se confondre avec la partie blanche, et le cercle noir avec la partie noire, pour former de nouveau le Tai Ki, mais dans une autre position.  Ce changement concomitant du rayon des petits cercles symbolise le Changement dans son essence et le Mouvement dialectique dans les modalités concrètes de ce changement.

  Par exemple, dans une famille composée de la mère, du père et du fils, la mère est Yin (essence féminin) par rapport au mari.  Mais elle sera Yang (essence masculin) par rapport à son fils aussi longtemps qu'elle le nourrira. Quant à l'enfant, Yin (càd essence féminin) à sa naissance par rapport à son père et sa mère, il devient Yang (essence masculin) par rapport à sa mère à son adolescence. Mais il demeure Yin (essence féminin) par rapport à son père, jusqu'à son âge adulte. Tandis que pour tout étranger au cercle de famille,

ce rejeton mâle sera Yang (essence masculin) de sa naissance à sa mort.

 "L'étiquetage chinois par Yin et Yang n'est ni stable ni spécifique: il variera en fonction d'un environnement et possédera toujours un caractère relatif et transitoire qui résulte de l'indispensable lien d'appartenance entre les parties et le Tout: Tout Change, Tout Mute".

 Chaque petit cercle s'"interprète comme un élément de doute dans la certitude, un catalyse de remise en question". Le Tai Ki  symbolise "le rejet de l'absolu et du dogme, le refus de porter un jugement de valeur,  le schéma de l’ambivalence".

 Sans ces petits cercles, la figure décrirait une situation où, tout serait absolu, les positions seraient pétrifiées et  les échanges abolis, en quelque sorte  le schéma d'un dualisme symbolisé par un carré séparé par un trait droit en une partie blanche et une partie noire, un binaire composé du Zéro et de Un, deux éléments distincts mais aussi totalement différenciés.

  L'esprit extrême-oriental ne prône pas un perfectionnisme de la pensée qui amène à vivre en terme de vrai ou faux, de bon ou mauvais, de « j’ai raison, tu as tort », du bien et du mal, du paradis et de l'enfer, sans nuances ni intermédiaires. Le vrai n'est pas totalement vrai, et le faux pas totalement faux,  la pureté n'est qu'une abstraction. On évite de penser en termes absolus, d’accoler des étiquettes, de faire des affirmations de vérité, de constituer des dogmes.

 Le Pa Koua

 Le Tai Ki  est d'habitude entouré de huit  groupements de trois traits continus ou traits brisés,  formant ce que les Chinois appellent le "Pa Koua", les huit Koua (Bat Quai en Vietnamien).

  L’histoire dit que l'empereur Fo-Hi regarda le Ciel, puis baissa les yeux vers la Terre, en observa les particularités, considéra les caractères du corps humain et de toutes les choses extérieures, puis traça ces huit  trigrammes désignés par le mot « koua ».  Une autre version rapporte que les trigrammes lui furent revélées par les écailles d'une tortue sortie  des eaux d'un fleuve.

 Un trigramme est un groupement de trois éléments, chaque élément pouvant être Yin ou Yang, un trait continu désignant le Yang, et un trait brisé le Yin.

 Il faudrait du temps pour entrer dans le détail de l'explication de ces trigrammes et leur développement aux hexagrammes à travers le Yi-King ou "Livre des Mutations", un livre qui provient de la nuit des temps. Comme ce n'est pas le sujet de ma présentation, disons simplement que les huit trigrammes expriment la multiplicité des apparences désignée par le terme "dix mille êtres" qu'il faut comprendre "tous les êtres du monde". 

 Ces trigrammes expriment ce qui se passe sur Terre et dans le Ciel, plus précisément le mouvement des choses, c'est à dire les états de passage de chaque élément dans leur continuelle transformation. 

A  chacun des trigrammes correspond une multiplicité de significations symboliques. Par exemple, le "Kien" qui est formé de  trois traits continus superposés càd Yang+Yang+Yang désigne le Ciel, le père créateur, la force, l'énergie créatrice, l'ascension, la réussite. Le "Kouen" formé de trois traits brisés superposés càd Yin+Yin+Yin , désigne la Terre, la mère, la soumission, la réceptivité, la souplesse, la réussite par la douceur. Le "Kan" formé du Yang+Yin+Yang désigne l'Eau, l'abîme, l'insondable, l'instabilité, le danger, les chemins détournés.

Les huit trigrammes sont, en somme les symboles applicables à toute situation, à tout individu, à tout être, aux saisons, aux points cardinaux, à tout ce qui existe avec la Création.

En associant deux à deux les six trigrammes, on forme leur extension en 64 hexagrammes càd 64 groupements de six Yang ou Yin. Curieuse coïncidence, 64 est aussi le nombre de codons que le code génétique associe à des acides aminés particuliers pour constituer des protéines…

 Atteindre le « Un »

 Et devant ce monde fait de Yin et Yang, que faut il que le sage fasse pour atteindre l'état de "Paix Suprême"?

Lao Tseu nous l’explique :

" Depuis l’origine, disait il, des êtres ont atteint à l’ " Un ".

Le ciel en accédant à l’ " Un " devint pur,

La Terre en accédant à l’ " Un" devint paisible,

Les esprits  en accédant à l’ "Un" devinrent efficients,

Les vallées en accédant à l’ "Un" se remplirent,

Les êtres en accédant à l’ "Un" se multiplièrent,

Les princes et seigneurs en accédant à l’"Un" devinrent l’exemple de l’Univers".

 "Atteins à la suprême vacuité

Et maintiens toi en quiétude,

Devant l’agitation fourmillante des êtres,

Ne contemple que leur Retour.

En effet, chaque être accomplit sa croissance

Puis retourne à sa racine. "

 Le « Un », je vous en avais déjà parlé, est le Souffle Primordial, l’ « Unité Première ».

Il ne s'agit donc pas de se mettre dans une des deux positions pour combattre l'autre, de faire disparaître le noir pour ne garder que le blanc. Car le noir reviendrait comme le blanc partirait, et le cycle perpétuel continuerait. Car cela correspondrait à rester dans la dualité, dans les contradictions de ce qui a été Créé, sans vraiment  chercher à s'en échapper pour entamer la route de retour vers l'Origine de la Création.

 La Voie vers le Un

Pour accéder au "Un", la Tradition Chinoise propose une Voie à deux étapes. Un chemin ardu dont l'aboutissement n'est accessible que par un important travail en profondeur sur soi même et une inébranlable volonté d'y arriver.

La démarche exotérique

La première se situe au niveau de notre vie de tous les jours. C'est l'apprentissage et l'accomplissement d'un comportement le plus approprié vis-à-vis de la famille qui nous a élevé, des proches que nous côtoyons, de la société qui nous abrite et plus généralement du monde dans lequel nous évoluons. La pratique de la Vertu, le choix de la Voie du Milieu permettront alors d'atteindre un équilibre avec nous même et notre environnement, un état de sérénité suprême.

Cette voie qui est à la portée de tout le monde et qui est donc qualifiée d'exotérique est exprimée dans la tradition chinoise par le Confucianisme.

 Le Confucianisme

Le Confucianisme comporte trois niveaux, comme l'a remarqué René Guénon: Il y a "le Lettré qui regarde le Savant, le Savant qui regarde le Sage, et le Sage qui regarde le Ciel".

Le Lettré, symbole de la volonté d'apprendre, est  en quelque sorte un "Initié", car il sait lire et écrire dans un monde où peu de personnes avaient cette capacité. Etudiant les Arts et les Sciences, il se perfectionne, et atteint le niveau de Savant, symbole de la volonté d'étudier et de comprendre la Nature et les secrets de la Création. Le Savant progressant dans son amélioration constante acquiert la qualité du Sage. Celui-ci, tout en pratiquant la Voie de la mesure et de l'équilibre, porte ses yeux vers le Ciel, le monde spirituel, un autre monde à accéder, cherchant à dépasser le niveau du plan, de la Terre, du monde matériel, passant ainsi de l'horizontal au vertical.    

 La démarche ésotérique

 Un pas de plus vers l'avant, et l'on découvre que l'équilibre serein obtenu grâce à une vie de vertu et d'équilibre ne constitue pas encore le summum de la démarche. Elle n'est que la condition nécessaire pour accéder à une autre étape beaucoup moins accessible au commun des mortels.

 L'histoire suivante, tirée du livre " Le vrai classique du vide parfait" de Lie Tseu, l’un des grands maitres Taoistes illustre d'une certaine manière cette seconde voie qu'on peut qualifier d'ésotérique.  

C’était au temps où Lie Tseu  lui même cherchait encore à apprendre auprès du  grand maître  Lao Chan. 

" Il mit trois ans à désapprendre à juger et à qualifier avec des paroles. Alors son maître Lao Chang l'honora pour la première fois d'un regard.

Au bout de cinq ans, il ne jugea, ni ne qualifia plus qu'en pensée. Alors son maître lui sourit pour la première fois.

Au bout de sept ans, après que se fut effacée dans son esprit même la distinction entre oui et non, entre l'avantage et l'inconvénient, son maître, pour la première fois, le fit asseoir sur sa natte.

Au bout de neuf ans, quand il eut perdu la notion du juste et de l'injuste, du bien et du mal ... alors en lui s'établit la communion parfaite entre le monde extérieur et son intimité foncière. Il cessa de se servir de ses sens."

Arriver à ne plus différencier le mal du bien,  à recevoir et accepter tranquillement amour et haine,  blanc et noir,  joie et peine, à ne pas sentir, ni voir, ni vivre des Yin et des Yang différenciés, c'est sortir de la dualité, de ce qui est Créé, pour accéder à la communion intime de soi même avec tout ce qui nous environne,

pour revenir vers le "Un" comme le dit Lao Tseu.

 Le Hua Wei

 On parle souvent de la pratique du Hua Wei (Vo Vi en Vietnamien) du Taoisme, qui est souvent traduit par "Non Agir". Cette voie est critiquée par certains occidentaux comme de l'"immobilisme". En fait, c'est plus subtil que cela, c'est en quelque sorte un laisser agir le naturel et la nature, faire corps avec celle ci, ne pas aller contre elle, agir dans son sens et laisser de côté ce qui n'est finalement qu'illusoire et illusion, agir dans le non-agir.

 La Méditation

Ce travail sur soi et en soi s'accompagne d'une autre pratique, qui bien faite  apporte le calme, la perception de la véritable nature de tous les phénomènes dans le but d’atteindre à la délivrance de l’esprit, à la suprême libération de tous liens : la méditation.

 Le mot "méditation" est impropre, car en réalité il ne s'agit pas du tout de réfléchir sur un sujet. C'est pratiquer une alchimie intérieure (Nei Tan en Chinois, Noi Tam en Vietnamien), l'exercice pour la connaissance, la compréhension et le contrôle de ce qui fait notre vie, notre force, nos facultés, c'est-à-dire l'Essence  (Tin en Vietnamien, Tsing en Chinois), le Souffle (Khi en Vietnamien , K'i en Chinois) et l'Esprit (Than en Vietnamien, Tshan en Chinois)  qui sont en nous. Pour les purifier et les libérer et … rejoindre le "Un", faire l'Union avec le Tao.  

 Ainsi les taoistes (et les bonzes bouddhistes, en particulier ceux qui pratiquent le Tchan ou Zen où bouddhisme et taoisme sont ensemble) de haut niveau arrivent à atteindre un état qui leur permet de décider de quitter la vie à la date du jour qu'ils ont prévu au préalable. C'est-à-dire qu'ils choisissent eux mêmes le jour de leur départ pour la Paix Suprême. Ils s'en vont pendant une séance de méditation, volontaires, apaisés, sereins, libres.

 Je connais deux personnes qui sont parties comme ça, à la date qu'ils avaient choisie, dont une à l'âge de 70 ans, après 9 ans et 81 jours de méditation entrecoupée d'une heure ou deux de repos et d'alimentation …

 (Paris, 4 Juin 2007) 

Nguyen Ngoc Chau

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